STAGE BREVET TAP PAU DU 30 JANVIER AU 10 FEVRIER 2006
36 réservistes volontaires ayant reçu l’aptitude médicale, réussi les tests préalables, été proposés par leur unité respective et acceptés par le commandant de brigade sont présents l’unique stage annuel de formation au brevet parachutiste.
Nous retrouvons des réservistes du 8ème RPIMa, du 1er RTP, du 17ème RGP, du 1ER RCP, du 3ème RPIMa, du 13ème RDP, du 35ème RAP, du 1er RHP. Une large gamme de grade (du Soldat au Commandant) et d’expérience dans la réserve (de quelques jours à 10 ans) sont présents.
La première semaine a été consacrée à l’instruction au sol, à la découverte du matériel, aux vérifications près et post sauts, aux procédures d’embarquement, aux gestes à effectuer sous voile et au traitement des incidents.
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L’équipement |
Basé sur la perception des parachutes, le contrôle et la mise en place de l’équipement, la vérification du bon équipement, la mise en position d’attente du matériel et la réintégration. |
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La réception au sol |
Simulation l’arrivée au sol, tout d’abord par terre puis en sautant depuis une petite table sur de fins matelas. Importance de garder les jambes serrées, à fléchir légèrement les genoux, poser les deux pieds à plat et terminer la réception par un roulé boulé à droite ou à gauche selon la direction du vent. |
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Les procédures d’embarquement |
Détermination et mise en place des colonnes de saut, chargement dans le transall, accrochage de la SOA (sangle d’ouverture automatique ) déplacement dans l’avion jusqu’à la porte, prise des appuis avant le saut en position et comptage du temps avant l’ouverture automatique du parachute (331, 332, 333). |
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Les procédures post sauts |
Dépose du harnais, déroulage du parachute dorsal, pliages sommaires des parachutes (dorsal et ventral), chargement des équipements pour rejoindre le point de rassemblement, mise en état de réintégration du parachute. |
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Les phases de vérification en vol |
Les phases de vérification en vol : vérification de l’ouverture de la coupole, tour d’horizon pour s’assurer qu’aucun parachute ne s’approche trop près, détermination de la direction du vent et traction sur les suspentes adéquates à 50m du sol en fonction de celui-ci. |
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L’ouverture du parachute ventral |
Révision des cours précédents et définition des cas dans lequel nous serons dans l’obligation pour des raisons de sécurité d’ouvrir le parachute ventral (RTT DDSAC). Mise en œuvre de la technique d’atterrissage avec un ventral ouvert. |
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La réception au sol |
Simulation d’arrivée au sol en roulé boulé avant droit et gauche, puis en roulé boulé arrière droit et gauche. La première phase se réalise au sol puis en sautant d’une petite table. |
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Les opérations d’embarquement et de saut |
Rappel, puis en œuvre les techniques de saut au numéro permettant un passage plus rapide des parachutistes par la portière.
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Les opérations d’embarquement |
Mise en œuvre des techniques de parachutage en un seul passage sur la zone de saut. |
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Les opérations d’embarquement et de saut |
Travail sur maquette du transall mais également sur la maquette d’un hercule C130H dont la variante est d’être dépourvu de places pour parachutistes à l’emplacement des roues. |
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L’équipement des parachutes |
Révision des précédents cours destinés à réaliser les opérations de contrôle, de mise en place et de vérification des deux parachutes avant le saut. |
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Le brassage des parachutes |
Explication d’une technique permettant d’enrouler les parachutes autour des bras afin de dégager rapidement la zone de saut. Nous devrons utiliser cette technique lors du saut de nuit. La séance se termine par un rappel du pliage sommaire des parachutes. |
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La zone de saut |
Séance de sport pour rejoindre et identifier les différents points de repères présents sur la zone de saut. |
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La tour de saut |
La tour de saut représente la dernière phase du saut. Il s’agit d’une grande plateforme situé à une quinzaine de mètres du sol d’où le parachutiste saute accroché à un câble incliné. |
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Vidéos d’instruction |
« Mon premier saut » qui est un descriptif de la manière dont va se dérouler le saut depuis l’embarquement à l’école jusqu’à la phase de réintégration. «Incidents et accidents du parachutiste » expliquant les différents problèmes qui peuvent survenir et la manière de les résoudre. « Saut du CASA CN235 » qui est un avion plus petit que le transall à partir duquel nous pourrions être amenés à sauter. |
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Le déventement |
Explication des différents cas nécessitant l’ouverture d’un ou deux clapets de déventement pour éviter d’être traîné par le parachute au sol et processus de la manœuvre. |
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Le traînage |
L’atelier de traînage est une sorte de grand téléski sur lequel le parachutiste est tiré sur le dos en position de sécurité et doit déclencher l’un des clapets de déventement. |
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Les incidents divers |
L’arrivée contre un bâtiment, dans un arbre, dans l’eau, torsade du parachute, manière d’éviter la collision avec un autre para. |
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Le saut avec gaine |
Constitution et fixation de la gaine de saut, déplacement et essai sur maquette. Traitement des incidents lors de saut de gaine, démontage et rangement du matériel. |
Le premier jour de la deuxième semaine, passage à l’agré de synthèse reprenant toutes les phases du saut. Première opération, le saut par la portière, suivi par la vérification d’ouverture coupole. Ensuite le parachutiste est suspendu à un rail sorte de grosse machine à poulet qui s’oriente de façon aléatoire. Vient ensuite le tour d’horizon, le repérage de la zone de saut, et la détermination de la direction du vent. Au panneau 50m il faut prendre la position d’atterrissage et avant de faire une chute de 3,5m qui se termine en roulé boulé. L’exercice n’est pas terminé, le parachutiste est traîné sur le dos en position de sécurité et doit actionner les systèmes de déventement pour se détacher.
L’ensemble des stagiaires ayant réussi le passage à l’agré, le premier saut est prévu pour l’après midi.
1er et 2ème saut
« En début d’après midi, nous prenons le bus pour nous rendre à l’aire d’embarquement. Nous formons les faisceaux puis percevons les parachutes. L’ambiance est assez surprenante, certains pour évacuer leur stress se confondent en plaisanteries en tous genres alors d’autres demeurent muets depuis le départ de l’école. Nous nous équipons et vérifions à plusieurs reprises l’équipement. Les moniteurs font de même.
A 14h l’avion atterrit, il s’agit d’un CASA CN 235 qui est plus petit mais aussi plus lent qu’un transall, ce qui n’est pas un mal pour un premier saut. Nous nous précipitons vers la piste mais fausse alerte, il nous faudra encore attendre 45 minutes assis par terre avant de pouvoir enfin pénétrer dans celui-ci. Puis c’est l’embarquement, les dernières vérifications et nous voici déjà en l’air. A peine avons-nous quitté le sol que le chef largueur nous demande de nous lever. Selon les procédures nous larguons un mannequin lors du 1er passage (TIP), deux virages au-dessus de la zone et le premier du câble prend la position. Je suis quatrième sur la file, soudain la sonnerie retentie, l’un après l’autre nous nous dirigeons vers la porte, prenons la position attendant la tape dans le dos signe du départ. Lorsque vient mon tour, je me sens déconnecté, comme si un voile blanc était venu m’entourer. En quelques dixièmes de secondes, je passe du bruit assourdissant de la carlingue métallique à un silence angélique. Je ressens une secousse, lève la tête et constate l’ouverture de la voile ronde au-dessus de moi. Je reste 3 ou 4 secondes à contempler la coupole comme tétanisé par la beauté de cette étoffe qui me retient à la vie avant de procéder au tour d’horizon. Tout va bien, le premier parachutiste se trouve à une trentaine de mètres et le vent est quasiment nul. Je profite encore quelques secondes de ce premier saut qui est une sensation unique, avant de commencer les opérations d’atterrissage et c’est tout en douceur que je pose les pieds par terre en enchaînant un superbe roulé boulé. Autour de moi quelques parachutes sont encore en l’air, mais pas le temps d’admirer le spectacle, il faut déjà replier le parachute et dégager la zone de saut. Au fur et à mesure le premier groupe de saut se rassemble au pied de la tour, soudain je jette un œil vers le fond de la zone et vois un grand carré blanc formé par la voile d’un parachute ventral. C’est le signe qu’un blessé est signalé sur la zone de saut. L’ambulance fonce vers le fond de la piste et au bout de quelques minutes revient vers nous. Le parachutiste s’est brisé la cheville lors de l’atterrissage.
Très vite nous réintégrons le matériel, remontons dans le car en direction de l’aéroport. Sans perdre de temps nous percevons un nouveau parachute, nous équipons et repartons en petite foulée vers le tarmac. L’avion est déjà là, en quelques instants nous nous retrouvons dans les airs pour effectuer le deuxième saut. Premier passage et largage du câble de gauche au numéro. A vive allure nous voyons disparaître nos camarades du 2ème groupe de saut. Puis c’est notre tour : la SOA dans la main, le visage du largueur, le pied en avant et retour à la réalité 100 mètre plus bas. Lors de ce 2ème saut, nous devons après les premières vérifications, déclencher notre parachute ventral. Je tire violemment sur la poignée dont je retrouverai plus trace à l’atterrissage. Le ventral s’écarte puis redescend sous moi, j’égraine les suspentes mais sans que la voilure se gonfle, je secoue énergiquement les suspentes et il commence à se déplier, une traction arrière pour l’aider à reprendre le dessus et le sol approche déjà. Je prends alors la position de sécurité et me pose avec un peu plus de dureté que lors du premier saut. Pliage sommaire des deux parachutes et retour en courant vers de la tour.
3ème et 4ème saut
La plupart d’entre nous très marqués par les premiers sauts de la veille ont franchi la portière la moitié de la nuit. Nous embarquons dans le bus en direction de l’aéroport. Formation des faisceaux, perception des parachutes, vérifications d’usages et équipement. Deux rotations seront effectuées, je serais dans la première en compagnie de personnels d’active ainsi que du chef de corps de l’ETAP. L’avion se présente enfin, tous plus nerveux que la veille (nous avons cogité toute la nuit), nous montons à bord du même appareil CASA CN235. Les sauts seront dirigés par les élèves largueurs sous l’œil de leur moniteur. Décollage, mise en place, largage du mannequin témoin et au deuxième passage la sonnerie retentie. Je suis 3 places avant la fin de mon câble, j’ai une légère hésitation d’un dixième de seconde à l’arrivée à la porte, non pas la peur de me jeter, mais plutôt l’appréhension de trop serrer mon prédécesseur au risque de s’accrocher une fois sous voile. Cette fois j’ai bien ressenti toutes les sensations de la chute et de l’ouverture de mon champignon protecteur. Vérification de la voile, tour d’horizon, tout et ok pour moi, le parachutiste le plus proche est à 20m. Recherche de la zone de saut et je m’aperçois alors que je vais atterrir de dos. Je prends deux photos vite fait, une à droite sur le début de la colonne, une à gauche sur l’accrochage de deux paras et tire sur les poignées de traction avant de prendre la position d’atterrissage. Réception au sol plutôt rude, début de roulé boulé, et je tape la tête en arrière sur un trou de taupe. Je savoure 3 petites secondes le retour sur le plancher des vaches avant de me relever et d’attaque le pliage du parachute. Petits regards autour de moi pour vérifier qu’aucun de mes camarades de saut n’a eu d’incident et après avoir remballer le matériel, je repars en trottinant vers le point de rassemblement. Compte rendu de saut, réintégration et nous assistons au largage de la deuxième rotation.
Superbe !!!! Un déventement, quelques parachutes proches, une ouverture de ventral, rien à redire.
A 14h nous voici à nouveau prêts à attaquer notre quatrième saut. Même procédure que les sauts précédents, mais associé à une petite mise en garde de notre moniteur contre un relâchement de la vigilance. Mise en place, équipement, embarquement, décollage, accrochage et saut cette fois en dernière position de mon câble. Je commence à vraiment apprécier cette sensation de flottement en silence après le bruit sourd des moteurs de l’avion et c’est sans soucis que je me réceptionne au sol. Retour, réintégration, débriefing…..
5ème et 6ème saut
C’est notre dernier jour de sauts et non des moindres. Un passage à l’agré de synthèse avec la gaine de saut est prévu, mais un disfonctionnement de l’appareil nous empêche de procéder à la simulation.
Le bus passe nous prendre et nous rejoignons l’aéroport. Mise en place, équipement, vérification,… nous prenons place dans l’avion déjà mythique transall C160 que nous allons utiliser pour la 1ere fois. Il est beaucoup plus grand que la CASA, et sa vitesse est supérieure. Assujettis à nos gaines, bardé par le parachute dorsal et le ventral, c’est avec difficulté que nous nous asseyons sur les sièges. La mise en place des ceintures de sécurité n’est pas possible, mais de toute façon, nous sommes tassés les uns sur les autres et il serait impossible de perdre l’un d’entre nous à l’accélération du décollage.
Dans le transall pas de hublot accessible, nous ne pouvons pas jeter un œil dehors avant d’être face à la porte. Le bruit des moteurs se fait plus sourd, je pense que nous roulons sur le tarmac, et au bout de quelques secondes vient la poussée du décollage. A nouveau comme dans le CASA, à peine en l’air nous devons nous relever. La sortie doit s’effectuer en deux passages, le premier pour le TIP et le second pour les deux groupes de sauts.
Le premier prend la position à la porte, et soudain la sonnerie retentie dans la cabine. Même si le déplacement (chargé de 40 kg de matériel) n’est pas aisé, nous ne perdons pas de temps pour rejoindre le ciel. Je compte 331, 332.. Grosse secousse et la voile s’est ouverte beaucoup plus vite que pour les précédents sauts. Vérification, tout est ok, petit coup d’œil sur l’horizon, et à 150m du sol je vérifie que personne ne se trouve en dessous. La zone est dégagée, je tire alors sur la poignée de la gaine pour dégager la corde. Mais celle-ci ne bouge pas, je m’énerve un peu en tirant dans tous les sens car je ne souhaite pas atterrir avec ma gaine entre les jambes, et au bout de quelques secondes je suis délivré de mon fardeau. Je regarde le sol qui n’est plus qu’à 50 mètres, et je vois une voile me passer sous les pieds. Sur le coup j’ai vraiment eu peur que le parachutiste d’en dessous se réceptionne ma gaine sur la tête, mais finalement, il a continué son chemin et je me suis posé à une dizaine de mètres de lui.
Alors que je plie le parachute, j’observe l’avion réaliser un 3ème passage. (En fait derniers s’étant retrouvé en fin de zone, il a fallu refaire un passage). Chargement de la gaine sur le dos, et nous voilà reparti pour le point de rassemblement. Cette fois-ci, le pas est pressé, mais impossible de courir chargé comme une mule. Reconditionnement, réintégration et retour à l’école bien soulagé d’avoir réussi ce saut sans dommage.
En début de soirée, embarquement dans le bus, arrivée à l’aéroport, équipement, et dans la pénombre nous prenons place à bord du transall. Le saut se fera en ambiance tactique, dans l’obscurité la plus totale dans l’avion comme au sol. Décollage, mise en place et au numéro nous nous élançons dans le vide. C’est une nouvelle sensation différente des autres. Un petit quart de lune est présent dans le ciel, il est difficile de d’orienter mais nous pouvons voir que le largage a été effectué à proximité des arbres en bord de zone et que le vent nous y pousse. Je commence à tractionner comme un malade pour les éviter, mais mon voisin de saut a pris la même décision et je suis forcé de temporiser le mouvement pour éviter la collision. Au bout de quelques secondes il s’est dégagé et je peux à mon tour repartir vers la tour. A 50m du sol, je décide de jouer le jeu du saut de nuit et place mes mains au dessus des systèmes de déventement. Le choc avec le sol est moins terrible que ce que j’imaginais, mais ce ne fût pas le cas de tout le monde. Dans la nuit j’entends hurler à l’aide à une centaine de mètres, un parachutiste s’est cassé la jambe. Brassage rapide du parachute et je m’approche. Constatant que deux paras sont déjà avec lui et ont craqué un ventral, je pars prévenir les secours. En chemin je croise l’ambulance et lui indique la direction à prendre. Retour en courant vers ce que je suppose être le point de rassemblement ( vu du bas et après le roulé boulé il est difficile de s’orienter par rapport à ce qu’on a vu en haut) et remise ne condition du parachute. C’est après cela que je réalise que nous venons de terminer le dernier saut et que c’est l’un des meilleurs que j’ai réalisé. Rassemblement des deux groupes de saut, le major réalise un débriefing positif de la soirée, indiquant que ce dernier saut a fait de nous des paras brevetés. Il termine son oratoire par un « ET PAR ST MICHEL , VIVE LES PARAS que nous reprenons tous en cœur avant de rejoindre le bus.
Le brevet nous est remis le lendemain lors d’une cérémonie solennelle, il porte au dos un numéro unique qui nous fait rentrer dans la grande famille des parachutistes brevetés.